Fakear

betical

Un bon artisan passe son temps à aiguiser son art. Il affine sa technique, années après années. L’artiste, lui, doit en plus s’impliquer émotionnellement – et c’est parfois vertigineux. Il en faut bien du courage pour accoucher de ses failles et ses errances. Surtout lorsque l’on a connu l’ivresse d’une ascension fulgurante, d’un Olympia sold-out sans avoir sorti un premier album (devenu ensuite disque d’or), des tournées partout dans le monde devant des milliers de personnes, comme au festival Glastonbury en Angleterre, l’Electric Forest dans le Michigan.

Sauf que Fakear a eu besoin de retrouver Théo.
Il a fallu que le monde entier se confine pour que Théo Le Vigoureux, un Caennais sensible de trente ans fasse le tri : dans sa tête comme dans sa musique. Au point, même, de vouloir rompre avec son double musical, devenu parfois trop encombrant. Mais une histoire qui dure depuis dix ans ne se raye pas comme ça. Théo avait surtout besoin de réinventer Fakear : revenir à l’essentiel avec spontanéité et surtout honnêteté.
Ce retour, c’est ça : rien d’autre que la première étape du nouveau Fakear.
Après des années passées à se questionner, dans une industrie musicale toujours plus demandeuse, aux codes pré-définis qui altèrent parfois le naturel d’une musique pensée comme ça, à l’envolée.
Alors, il faut avancer, être différent, évoluer. Dans la manière de composer notamment, avec des prises de risques, des influences UK, des sonorités funky. Se faire plaisir. Également dans l’aspect visuel. Penser la terre, la pierre, la source. Ce qui fait que nous sommes.
Aujourd’hui Fakear, c’est avant tout Théo : avec son émotivité et ses combats assumés, comme celui de l’écologie, en intégrant il y a deux ans « Music Declares Emergency », jouant aux marches pour le climat.
Fakear revient à ses premières amours jusqu’à sa maison-mère, Nowadays, sans pour autant regarder le passé avec nostalgie ou dégoût ; plutôt en le contemplant avec bienveillance, une tape sur l’épaule : « je me suis trouvé », admet-il. Et quand on se trouve, c’est qu’on a arrêté de chercher.